Je me suis toujours vu un crayon à la main. A 15 ans, je griffonnais sur tous les supports à ma portée délaissant mes études. Mais, je n’étais pas assez rebelle, bien que l’on puisse me reprocher mon « sale caractère », pour contrer les adultes. Ainsi, mon rêve de peinture resta enfoui dans un coin de mon jardin secret. Dès que j’ai eu les moyens de prendre des cours, je n’ai plus lâché mes pinceaux. Je remercie tous ceux qui m’ont aidé à m’affirmer,
ma famille, mes ami(e)s.
C’est avec beaucoup d’émotions que je vous parlerai de mes peintures.
Poème de présentation
ARAGON
J’ai rêvé d’un pays, c’était dans une autre vie.
J’ai rêvé d’un pays où il avait fait grand vent, c’était dans un autre monde ;
J’ai rêvé d’un pays où le malheur était devenu fort, si grand, si noir et c’était comme un arbre immense entre le soleil et les gens,
Et c’était à la fin d’une guerre et les champs étaient obscurs de vautours et l’air empuanti d’hommes et de chevaux morts.
J’ai rêvé d’un pays où les enfants et les femmes aidèrent les bûcherons à battre le malheur.
J’y ai rêvé une fois, j’y ai rêvé une seconde et toutes les nuits de ma jeunesse et toutes les nuits de mon corps mûr.
Je n’ai plus eu jamais autre songe, autre musique, autre tête tournée ;
J’entrais dans ce pays où l’œil se ferme et les gens étaient las du travail d’un long jour…
J’y ai rêvé une fois, j’y ai rêvé une seconde et je n’ai plus compté combien de fois, combien de fois le désordre des choses renversées, tout le pays couvert de branches brisées et tout le peuple devrait à la fois faire bûcher du bois mort et se défendre contre les bêtes sorties de leur bauge, la peste, l’incendie, les pillards accourus sur des bateaux étrangers, la famine…
J’ai rêvé r d’un pays qui avait amis au monde un enfant infirme appelé l’avenir. J’ai rêvé d’un pays où toute chose de souffrance avait droit à la cicatrice,
Un pays qui riait comme le soleil à travers la pluie et se refaisait, avec des bouts de bois, le bonheur, d’une chaise, avec des mots merveilleux, la dignité de vivre, un pays de fond en comble.
Et comme il était riche d’être pauvre, et comme ils trouvaient pauvres les gens d’ailleurs couverts d’argent et d’or. C’était le temps où je parcourais cette apocalypse à l’envers et tout manquait à l’existence ;
Ah, qui dira le prix d’un clou.
Mais c’étaient les chantiers de ce qui va venir, et qu’au rabot les copeaux étaient blancs et douce au pied la boue et plus forte que le vent la chanson d’homme à la lèvre gercée !
J’ai rêvé d’un pays tout le long de ma vie, un pays qui ressemble à la douceur d’aimer, à l’amère douceur d’aimer…